Paludisme, un risque de zoonose professionnelle ? Attention aux formes sub-microscopiques ! - 14/05/18
Résumé |
Que se passe-t-il si, dans un insectarium biologiquement confiné (étanche, niveau 2) spécifiquement dédié à l’étude de Plasmodium bergheï (agent du paludisme murin) et en partie dévolu à l’élevage d’Anophèles gambiae (vecteurs anthropophiles) pouvant voler librement dans l’enceinte du laboratoire, fréquenté en particulier par des opérateurs indemnes de paludisme, accède une personne originaire d’une zone d’endémie palustre ?
En l’espèce, une étudiante d’un pays d’Afrique sub-Saharienne a présenté au cours d’une grossesse quelques mois plus tôt, un accès palustre traité efficacement. Un doctorant de la même zone géographique a lui aussi dans ses antécédents personnels décrit des crises de paludisme. Aucun des deux n’étaient ni symptomatique ni traité contre le paludisme au moment de leur première visite de médecine de prévention. Un diagnostic parasitologique a été prescrit.
Pour l’étudiante, frottis et goutte épaisse étaient négatifs, la PCR faiblement positive. Les trois mêmes examens réalisés trois semaines plus tard se sont positivés en l’absence de symptôme clinique. Pour le doctorant, frottis et goutte épaisse étaient négatifs, la PCR d’emblée positive sans symptôme clinique.
Au vu de ces résultats, après avis spécialisés, compte tenu de la gravité potentielle d’une première poussée de paludisme pour les autres opérateurs du laboratoire, il a été décidé de traiter ces doctorants pourtant asymptomatiques avant de les laisser entrer dans l’insectarium. En effet, le risque a été jugé suffisant que l’anophèle femelle d’élevage s’infecte au cours d’un repas sanguin en piquant l’un de ces deux étudiants et transmette secondairement le parasite à un autre travailleur qui n’aurait jamais quitté l’Europe, déclenchant ainsi une authentique poussée de paludisme d’origine professionnelle.
À la suite de ces observations, afin de protéger tous les personnels de l’insectarium d’une éventuelle transmission accidentelle de Plasmodium falciparum, toute personne originaire d’un pays d’endémie palustre doit être interrogée sur ses antécédents de paludisme. En raison d’un possible portage sub-microscopique, après échanges pluridisciplinaires, il a par ailleurs été décidé d’instaurer systématiquement une PCR à la recherche du parasite pour toute personne originaire de ces zones, de la traiter en cas de résultat positif et de lui interdire l’accès à l’insectarium jusqu’à la fin du traitement. En cas de PCR négative, l’accès à l’insectarium est immédiatement autorisé.
Pour les autres collaborateurs qui reviendraient d’un séjour en zone impaludée, une éviction de 15jours est recommandée, les examens (frottis, goutte épaisse) n’étant prescrits qu’à l’apparition d’un signe clinique évocateur de paludisme.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Paludisme, Forme sub-microscopique, Zoonose professionnelle
Plan
Vol 79 - N° 3
P. 228 - mai 2018 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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